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Connaissez-vous les mariniers de Saint-Astier ?

Pas d’eau salée à Saint-Astier mais l’eau douce de la rivière Isle. Les ponts en bois étaient emportés par les crues. Sans pont, il fallait quand même traverser cette rivière pour rejoindre la route royale Bordeaux-Périgueux (qui devint la nationale 89) ou simplement aller dans ses champs de l’autre côté. Et comme partout en France c’est le bac qui est utilisé sauf quand des gués sont accessibles en été par basses eaux.

Les rivières et les fleuves étaient la propriété des rois, puis de la nation.

Les bacs étaient souvent gérés par des seigneurs locaux. A Saint-Astier jusqu’à la Révolution, c’est le chapître, c’est-à-dire les religieux, qui possède le bac et le concède, moyennement paiement, à un fermier.

Comme il s’agit d’un service indispensable au public et à l’administration il ne va pas s’arrêter. Mais la gestion va changer.

Dans un premier temps la Révolution supprime les droits de bacs et de passages par le décret du 25 août 1792, d’après lequel il est désormais « libre à tout citoyen de tenir sur les rivières et canaux des bacs, coches ou voitures d’eau, sous la réserve des loyers et rétributions qui seront fixés par les directoires des départements ». Dans les faits, des entrepreneurs de bacs, bateaux et passe-cheval s’improvisaient en grand nombre, sans aucune garantie de qualification. Des accidents, tarifs abusifs ou refus de passage perturbaient gravement la circulation des hommes et des marchandises.

Les bacs valent même une loi du 6 frimaire an 7 (15 février 1801) sur leur régime et leur administration. La rédaction de cahiers des charges de plus en plus précis imposés aux concessionnaires, attestent d’un souci croissant des intérêts des usagers des services. Cette vigilance se traduit notamment par l’introduction de clauses de garanties de la continuité et de la qualité du service rendu, et d’un tarif fixe et uniforme assorti d’une obligation d’affichage, gages d’un large accès au service au moindre coût.

Une adjudication est organisée par l’administration en août 1804 pour les 10 années suivantes. Un seul fermier se propose au prix de 200 francs par an. C’est monsieur Jacques Dauriac qui a pour caution M. Raynaud maire de Saint-Léon. Il devra fournir au moins un bateau de 9m50 de long sur 2m90 de large avec 3 avirons et 2 perches ainsi qu’une forte chaine de 3m et un cadenas. Un liteau fixé tout le long à 18 cm du bord supérieur servira à ne pas dépasser la charge maximale. Il y avait souvent une barque plus courte appelée passe-cheval qui n’emportait pas les charrettes.

Et surtout le fermier devra fournir un ou des mariniers expérimentés qu’il devra payer.

En contrepartie il perçoit un péage fixé par l’autorité publique, la mairie avec l’accord de la préfecture. Les tarifs (voir document ci-dessous) sont affichés de chaque côté de la rivière. Mais plusieurs professions publiques, comme les militaires, sont exemptées.

Le fermier est responsable de la sécurité et ne doit pas faire traverser en cas de trop fortes eaux ou de glaces. Le service du bac est assuré du lever au coucher du soleil. Donc pas de traversée la nuit.

Il y a obligation de faire passer au tarif de base après une demi-heure d’attente (car le marinier avait intérêt à faire passer plusieurs personnes à la fois) sinon le passager pressé paie plus cher.

Le maire de Saint-Astier (monsieur Poulard) est souvent préoccupé par ce service qu’il juge de mauvaise qualité, d’où de nombreuses lettres au préfet pour s’en plaindre. Il y a l’état des bateaux qui peuvent être dangereux mais aussi le personnel. Ainsi en septembre 1806 il se plaint auprès du préfet, que monsieur Dauriac « a congédié Jean Verninas et ses deux fils, mariniers très anciens et capables d’exercer cette fonction et qui ont la confiance publique et a substitué d’autres dont on ignore s’ils ont exhibé leurs certificats de capacité. Le public se plaint de leur incapacité au point que divers particuliers ont porté plainte auprès de la municipalité de St Astier. […] il y a tout lieu de conjecturer d’après l’inexpérience de ces mariniers actuels que toutes les communications seraient interdites ou que la sureté publique serait compromise. [Nous souhaitons] que vous vouliez bien ordonner que le sieur Dauriac soit contraint de suite d’avoir des mariniers expérimentés.

En 1807 il écrit : « cela serait très désagréable pour un passage aussi fréquenté que celui de St Astier la communication fut interceptée faute de bateau, une partie de la paroisse étant séparée par la rivière Isle, des habitants seraient privés, dans les gros d’eau, des secours tant spirituels que corporels, car monsieur Dupuy, officier de santé s’exprime ainsi s’il n’a pas un autre bateau « je ne passerai pas l’eau dans les grandes eaux »

En 1814 un nouveau fermier Jean Dubos remplace M. Dauriac. De nouveaux bateaux sont construits

Le service du bac prend fin de plein droit à l’ouverture du pont de Saint-Astier en 1832 et les bacs sont vendus aux enchères. Mais les bacs continuent à Saint-Léon comme à Gravelle et même à Neuvic pour aller vers Saint-Germain du Salembre ou, plus tard vers la gare.

Mais, à Saint-Astier, le pont signifie la fin des mariniers

 

Sources :

  • AD24 3 S 340

  • L'invention du « service public »: entre « changement matériel » et « contrainte de nommer » par Dominique Margairaz Pages 10 à 32 Revue d'histoire moderne et contemporaine 2005-3 Le service public, l'économie, la République Ed.Belin

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